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Psychédélik

Psychédélik : Une enquête auprès des consommateurs réguliers de psychédéliques.

Cette étude a pour but de décrire les profils, les usages et les pratiques à risque associées à la consommation de psychédéliques chez les usagers réguliers afin d’apporter des réponses de réduction des risques adaptées.

Période du projet :
-
Investigateur principal :

Perrine Roux

Membre(s) SESSTIM du projet :
Commanditaires :

AAP IResP / Inca 2021

Partenaires :

Plus belle la nuit (Programme porté par le BUS 31/32) 

Problématique:

Les informations sur des stratégies de prévention ou de réduction des risques liés à l’usage de psychédéliques se trouvent essentiellement sur les forums Internet, via les associations d’usagers ou les communautés de psychonautes (Davey et al., 2012; Móró et al., 2011). La plateforme numérique https://www.psychonaut.fr/ en témoigne au travers d’un grand nombre de récits appelés « trip report » décrivant des expériences faites avec les psychédéliques. Ces expériences sont parfois agréables mais peuvent être aussi anxiogènes voire problématiques pour les personnes. Si au travers des différents témoignages, des conseils en réduction des risques peuvent être trouvés, cela ne concerne que les internautes qui se rendent sur ce site et les recherchent. Dans les associations de réduction des risques comme les CAARUD (Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues) qui accueillent des usagers dans des lieux fixes ou qui se rendent en milieu festif, les conseils en réduction des risques sur les psychédéliques existent à travers des flyers créés par l’association Techno+ (https://technoplus.org/flyers/) qui restent généraux. Plus récemment, un rapport sur la RdR des psychédéliques produit par la Société Psychédélique Française (https://societepsychedelique.fr/fr) offre un large et complet aperçu des effets et des risques associés à l’usage des psychédéliques. 

Cependant, l’arrivée des nouveaux produits de synthèse apporte de la confusion dans les substances consommées (Darke et al., 2021) car parfois les consommateurs se retrouvent face à des produits qu’ils ne désiraient pas ou qu’ils ne connaissaient pas. En France de 2013 à 2016, la famille des 25x-NBOMe, hallucinogènes de synthèse ressemblant au LSD, a provoqué des dizaines d’hospitalisations du fait de la méconnaissance des utilisateurs quant à sa puissance mais également parce qu’il a été vendu comme du LSD or les dosages ne sont pas les mêmes (Martinez et al., 2017). D’autres échantillons de produits vendus pour du LSD ont révélé la présence de diverses phénéthylamines (DOB, 2C-B, 2C-P…) dès 2013 (Martinez et al, 2017 ; Pavic, 2014 ; Pfau et Pequart, 2014). Les données recueillies en addictovigilance montrent une augmentation de la consommation (Stewart et al., 2021) et des effets inattendus et des complications sévères pouvant aller jusqu’à des expériences fatales. Il a été montré, par exemple, que l’usage de cannabis augmentait l’effet des psychédéliques (Kuc et al., 2021). Egalement, les pratiques de chamanisme, du « néo-chamanisme », autour de l’usage des psychédéliques connaissent un essor depuis la fin des années 2000 et exposent les usagers à des dérives en France comme à l’étranger. Des dérives sectaires notamment qui ont fait l’objet d’un rapport de la Miviludes (Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires ) en 2009 dans lequel il est présumé que ces pratiques pourraient se révéler dangereuses voire dévastatrices pour des personnes fragiles ou pour des individus en bonne santé mais non encadrés et non préparés à ces rites initiatiques ; d’autant plus que ces offres s’adressent à des personnes fragiles avec notamment des phénomènes d’emprise, des manipulations, etc. (Miviludes, 2009). 

Méthode :

Cette étude est une recherche participative et communautaire. Elle mobilise une méthodologie mixte quantitative et qualitative basée sur : Une étude quantitative transversale par questionnaire auto-administré par la personne participante en une seule fois sur internet. Une étude qualitative auprès des consommateurs de psychédéliques qui consistera en un recueil de données par entretiens (n=20) et une étude ethnographique (Sayarh, 2013) qui aura pour objectif d’étudier les récits et expériences des personnes sur le forums des discussions entre personnes utilisatrices de drogues. 

Perspectives :

Nous attendons, grâce à cette étude auprès d’un grand nombre de consommateur, pouvoir dresser des profils de personnes utilisatrices, tant en fonction de la substance consommée, que de l’usage ou du contexte. Notamment, nous faisons l’hypothèse que l’automédication grâce à ces substances sera fortement présente en plus de l’usage festif et elle pourra grâce à cette étude être analysée : quel dosage (microdosage ou prises normales à fortes) dans quel environnement, avec quel produit et pour quel trouble. 

Les résultats de cette étude permettront d’abord de mieux cibler les actions de RdR à destination des personnes utilisatrices de psychédéliques, aujourd’hui très mal connues en France. Les données issues du projet pourraient permettre de construire des outils d’informations et d’offrir des services de prévention adaptés. Ils viendront également documenter les usages thérapeutiques et apporter des éléments de connaissance pour les recherches cliniques.