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QUALI PrEP Cambodge

Evaluation qualitative de l’acceptabilité de la PrEP dans les populations-clés au Cambodge

Les objectifs principaux de l’étude sont :

Evaluer la connaissance, la perception et l’acceptabilité de la PrEP dans les populations-clés (travailleuses du sexe (TS), hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH), femmes transgenres (FTG)), parmi les soignants et chez les décideurs politiques, médicaux, et associatifs dans le contexte cambodgien
Etudier les conditions optimales de mise en œuvre de la PrEP communautaire, en évaluant les caractéristiques, besoins et attentes des organisations communautaires du Cambodge, auprès des décideurs politiques, médicaux, et associatifs

Période du projet :
-
Membre(s) SESSTIM du projet :
Commanditaires :

Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites virales B et C (ANRS)

Partenaires :

Les partenaires sont l’UHS (Université des sciences de la santé, Cambodge) et le NCHADS (agence de lutte contre le VIH/SIDA, Cambodge). Les partenaires auront en charge la mise en œuvre de l’enquête sur le terrain. L’UHS engagera un étudiant en master qui participera à l’analyse des données à Marseille.

Thèmes :
Problématique:

Peu de données sur l’acceptabilité et la volonté d’utiliser la PrEP dans les populations-clés au Cambodge sont disponibles. En raison de l’image négative consécutive à l’interruption d’un essai clinique de prévention du VIH chez des travailleuses du sexe suite à une forte protestation communautaire, la PrEP fut controversée au Cambodge pendant de nombreuses années, chez les autorités politiques et les communautés. Une évaluation qualitative sur l’acceptabilité de la PrEP dans les populations-clés du Cambodge est cruciale avant d’envisager une possible mise en œuvre de la PrEP au Cambodge. 

Méthode :

Cette étude qualitative a été réalisée de mars à mai 2022 à Phnom Penh. Les grilles thématiques comprenaient les thématiques suivantes : connaissance de la PrEP, avantages et inconvénients perçus, acceptabilité et préférences (quotidienne vs. à la demande, orale vs. injectable à longue durée d'action, communautaire vs.en centre de santé).
Des focus groups ont été organisés auprès de :
- Femmes transgenres n’utilisant pas la PrEP
- Hommes ayant des rapports sexuels avec des hommes n’utilisant pas la PrEP
- Travailleurs du sexe masculins n’utilisant pas la PrEP
- Travailleuses du sexe employées d’établissements de divertissement n’utilisant pas la PrEP
- Les utilisateurs de PrEP
- Les personnels de santé
- Les membres des organisations communautaires
Quatre entretiens individuels semi-structurés ont été menés avec : i) un influenceur clé de la communauté trans, un influenceur clé des travailleuses du sexe employées dans les établissements de divertissement, un ancien utilisateur de PrEP et un HSH caché de la classe supérieure.
Des entretiens ont également été réalisés auprès des autorités nationales (NCHADS ; NAA) et des organisations communautaires (KHANA)

Resultats:

Au total six groupes de discussion (n=61 participants) et quatre entretiens individuels semi-structurés ont été menés. Les verbatims enregistrés sur support audio ont été transcrits et analysés thématiquement en utilisant le logiciel NVivo.

Les résultats montrent que la moitié des participants connaissaient la PrEP. L'acceptabilité de la PrEP était basée sur la perception d'une plus grande protection contre le VIH par rapport à l'utilisation du préservatif (rupture/mauvaise utilisation, incapacité à négocier l'utilisation du préservatif avec les partenaires/clients), l'accès à des examens médicaux réguliers et au dépistage des IST, et une augmentation de la confiance des partenaires. Certains utilisateurs de la PrEP ont apprécié le fait qu'elle soit gratuite, facile à prendre et qu'elle réduise la discrimination en rendant possible les rapports sexuels avec des partenaires séropositifs.

Les inconvénients perçus de la PrEP orale (et les raisons pour lesquelles certains utilisateurs ont cessé de l'utiliser) comprenaient l'absence de protection contre les grossesses non désirées (pour les femmes travailleuses du sexe) ou les IST, les effets secondaires et la stigmatisation liée au VIH, le risque de ne pas respecter l'horaire de prise de la pilule et les rendez-vous médicaux réguliers obligatoires. L'un des principaux obstacles à l'adoption de la PrEP chez les femmes transgenres était la crainte d'interaction avec les thérapies hormonales, ce qui les a amenés à préférer la PrEP à la demande afin de réduire la prise de comprimés. Les autres populations clés préféraient principalement la PrEP en continue, parce ce que cela ne nécessite pas de planifier les rapports sexuels, et cela réduit le risque de non observance au schémas de prise de la PrEP. Toutes les populations clés, à l'exception des travailleuses du sexe de rue, ont trouvé la PrEP injectable à longue durée d'action intéressante, car elle résout certains inconvénients de la PrEP orale (charge liée à la prise de comprimés et non-observance du schéma de PrEP).

A l'exception des HSH "cachés de la classe supérieure", les participants ont préféré la délivrance de PrEP basée sur les pairs éducateurs issus de la communauté, parce qu’ils sesentent moins discriminés dans les organisations communautaires que dans les structures médicales. Cependant, ils ont mis en évidence la nécessité que les organisations communautaires assurent une plus grande confidentialité et des temps d'attente plus courts, et mettent à disposition des médecins pour fournir informations et bilans médicaux.