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CHEMSEX-PAACS

Perceptions, Attitudes et Attentes vis à vis du ChemseX : point de vue de l'ensemble des acteurs

L'objectif de ce projet est de déterminer la pertinence et la faisabilité d’une étude interventionnelle visant à réduire les risques et les dommages associés à la pratique du chemsex auprès des HSH et en déterminer les modalités. Plus spécifiquement, il s’agira de définir :

1/ les caractéristiques des personnes à inclure grâce à une enquête exploratoire qui permettra de documenter les principaux profils de chemsexeurs, de leur point de vue et de celui de leur entourage et de définir si des différences existent en terme de perceptions, attitudes et attentes selon la zone d’habitation, la sérologie VIH/VHC, les modalités de consommation, …

2/ les interventions pertinentes, en documentant les besoins des chemsexeurs, en termes d’information/counseling, de prévention, de dépistage et de prise en charge psychique et/ou somatique, et des soignants en termes d’information, de formation et de mise en relation avec un réseau de soin. De plus, une revue de la littérature critique des actions de réduction des risques en cours sera réalisée.

Période du projet :
-
Membre(s) SESSTIM du projet :
Commanditaires :

Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les Hépatites virales B et C (ANRS).

Partenaires :

Association AIDES ; Muriel Grégoire, psychiatre ; CSAPA Villa Floréal à Aix-en Provence.

Problématique:

Le chemsex consiste en la consommation de produits psychoactifs en contexte sexuel, le slam en étant une modalité spécifique qui consiste en une consommation par voie intraveineuse exclusivement. Le chemsex est associé à plus de conduites à risques, sexuelles ou liées à la consommation de produit, potentiellement à l’origine de nouvelles contaminations par le VIH/VHC ou autres IST, mais aussi d’effets délétères sur la santé psychique et somatique. Avec l’arrivée des nouveaux produits de synthèse, dont l’approvisionnement est simplifié du fait de leur faible coût et de leur disponibilité sur internet, ce phénomène s’est amplifié et touche maintenant des hommes qui ont des relations sexuelles avec d’autres hommes (HSH) qui n’avaient pas de passé de consommation de drogue, plus jeunes et de plus souvent séronégatifs, incluant tous les milieux socio-culturels. Les données de prévalences varient de 5% à 30% selon les périodes, les populations enquêtées, les zones géographiques et l’indicateur retenu.

Méthode :

Par le biais de la méthode Q (approche qualitative et quantitative qui permet de faciliter l’expression des points de vue personnels), seront révélés les principaux points de vue sur le chemsex de l’ensemble des acteurs. Cela permettra de dégager la diversité d'usagers, de prise de risque, de perception des dommages et des besoins. La recherche s’adressera aux HSH pratiquant le chemsex, âgés de 18 ans et plus, séropositifs et séronégatifs au VIH et au VHC, vivant à Paris et en province ; aux soignants (médecins, acteurs communautaires) intervenant, ou pas, auprès de chemsexeurs.

Le questionnaire sera administré en face à face, assisté par ordinateur, à partir de lieux diversifiés (Centre de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), Centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques liés à l’usage de drogues (CAARUD), Centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic (CEGIDD), services d’infectiologie, d’hépatologie …) et en ligne sur les sites internet des associations, les réseaux sociaux et les applications de rencontres.

Perspectives :

Le recueil de la 1ère phase s’est terminé en septembre 2018 (5 focus groupes auprès de chemsexeurs et d’anciens chemsexeurs, 15 entretiens individuels et 2 entretiens collectifs auprès de soignants - Marseille, Lyon, Nîmes, Paris et Nantes). Le recueil de données de la 2ème phase est en cours jusqu’à octobre 2019.

Resultats:

Une première analyse se concentre sur les aspects ambivalents du rapport au chemsex. Dans notre échantillon, les causes et conséquences du chemsex semblent être interconnectées. En effet, les aspects négatifs censés être évités en pratiquant le chemsex sont en réalité renforcés par cette pratique. De plus, le chemsex ne semble pas être simplement un phénomène problématique car il a à la fois des conséquences positives et négatives. Ainsi, si le chemsex peut conduire à l’isolement social ou des disfonctionnements sexuels par exemple, il peut également être créateur de lien social, faciliter les relations sexuelles et ne nécessiter aucun soin si la consommation de produits est raisonnée. Enfin, quelles que soient les motivations premières, la façon de pratiquer le chemsex et de le percevoir évoluent avec les trajectoires de vie, les évènements traumatisants, le bien-être et la taille de la ville de résidence. En conséquence, chemsexeurs et intervenant.e.s insistent sur la nécessité d’une prise en charge centrée sur les trajectoires de vie plutôt que sur l’arrêt des consommations uniquement.

Travail présenté à la conférence AIDS Impact en juillet 2019 : « An ambivalent relationship with chemsex : subjectives experiences among French chemsexers and healthcare providers ». Christel Protiere, Lolane Dentand, Khafil Moudachirou, Perrine Roux, Abdourahmane Sow, Morgane Bureau, Muriel Gregoire, Fred Bladou, Laelia Briand-Madrid, Carine Magen, Daniela Rojas-Castro, David Michels, Bruno Spire.

Une nouvelle analyse sera présentée au 3ème forum européen sur le chemsex en novembre 2019 : « perceptions, representations and experiences of (ex-)chemsexers toward chemsex in France. Results from two national qualitative surveys. » Maitena Milhet (OFDT) & Christel Protiere (INSERM). APaacX group (A. Albisson F. Bladou, M. Bureau, A. Cadet Taïrou, M. Grégoire, L. Gaissad, T. Madesclaire, D. Michels, K. Moudachirou, A. Sow, B. Spire, G Sudérie)