A l’issue d’une première contextualisation socio-historique, nous avons souhaité étudier les représentations sociales de la pratique d’injection de drogues en tant que produit d’une hégémonie conceptuelle historique, constitutive des orientations stratégiques gouvernementales actuelles. Dans ce travail, nous souhaitons comprendre l’articulation existante entre les différentes dimensions constitutives des pratiques d’injection et leur ancrage idéologique dans et par lequel elles se constituent. Dans cette perspective socio-représentationnelle et épistémologique critique des conceptions hégémoniques de l’injection de drogues, nous avons mobilisé une stratégie de recherche pluri-méthodologique, guidée par une approche inductive de ce phénomène nous permettant la formulation de nouveaux questionnements et de nouvelles définitions. La mobilisation de méthodologies qualitatives et quantitatives au service d’une analyse multi-niveaux, nous a amené à interroger les conceptions dominantes de l’injection dans leurs différentes modalités d’expression et leur efficience dans les orientations stratégiques gouvernementales pour l'amélioration des conditions d'existence des personnes injectrices. Au terme de cette investigation multimodale d’un champ représentationnel, c’est l’articulation entre les savoirs, les pratiques sociales de l’injection et l’idéologie dominante qui les encadre qui nous est apparue. Cette correspondance illustre en quoi les représentations mobilisées et leurs modalités de diffusion et de reconnaissance sont des outils puissants de construction de la réalité sociale et psychologique. Elles apparaissent alors comme des outils de définition des identités et de prescription des trajectoires des individus et des groupes.
