Le cancer du foie est la deuxième cause de mortalité due au cancer dans le monde, avec près de 83% des cas et 84% des décès ayant lieu dans les pays en voie de développement. Le type histologique de cancer du foie le plus fréquemment répandu est le carcinome hépatocellulaire (HCC). Selon la littérature disponible, le HCC affecte électivement des sujets masculins de plus de 50 ans ayant développé préalablement une cirrhose hépatique. Toutefois, il a été décrit au Pérou une présentation clinique particulière du HCC chez des jeunes patients ne présentant pas de prodrome. Nos objectifs étaient donc i) de confirmer ou d'infirmer au niveau moléculaire la singularité du HCC chez les patients péruviens, ii) d'évaluer les stratégies d'intervention chirurgicale dans le contexte clinique rencontré au Pérou, iii) d'étudier les pratiques de médecine traditionnelle, complémentaire et alternative (TCAM) en vigueur chez les patients péruviens afin de promouvoir une approche médicale intégrative contre ce cancer et iv) d'étendre cette étude à d'autres pays en développement afin d'obtenir une vision plus globale de la problématique sanitaire liée au cancer du foie dans différentes régions du monde. Nous avons montré que le HCC péruvien présentait un spectre de mutations unique : la classe de mutation dominante était des délétions dans certains gènes cibles, alors que ce type d'aberrations génétiques n'avait jamais été décrit jusqu'alors pour le HCC. Ce spectre de mutation singulier serait en toute hypothèse lié à un processus carcinogénique spécifique qui reste pour le moment à préciser. De plus, nous avons démontré que les arbres décisionnels thérapeutiques développés jusqu'alors ne sont pas adaptés au contexte clinique rencontré au Pérou, et qu'ils sont susceptibles d'être réévalués afin d'augmenter la proportion de patients pouvant être candidats à une intervention chirurgicale. En outre, nous avons caractérisé le fait que la majorité des patients péruviens avec un HCC a recours à la phytothérapie de manière complémentaire et alternative, mais que cette pratique doit être mieux appréhendée par les personnes concernées. Nous soulignons l'interêt d'organiser des campagnes éducatives ciblant les personnes à risque afin d'expliciter les avantages, mais également les limites des pratiques TCAM. Enfin, nous avons réalisé une étude d'épidémiologie clinique préliminaire sur le cancer du foie au Cambodge. Nous avons décrit une situation clinique distincte de celle rencontrée au Pérou, mais qui nécessite également des recherches scientifiques et cliniques plus approfondies.
