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VITAVI - ANR

Vulnérabilité professionnelle des personnes atteintes d’une tumeur cancéreuse ou du VIH

Le présent projet de recherche se propose d’étudier comment une fragilisation de l’état de santé, en l’occurrence le fait d’être atteint d’une maladie chronique, se répercute sur l’intégration professionnelle des personnes atteintes. Ce premier objectif se décline en questions de recherche. Par exemple, la maladie nivelle-t-elle ou au contraire aggrave-t-elle sur le marché du travail et dans l’entreprise les inégalités sociodémographiques qui préexistaient à la maladie ? Ou encore, quels sont les rôles respectifs de l’impact objectif de la maladie sur les aptitudes au travail d’une part, et des représentations et attentes d’autrui à l’égard du malade sur son lieu de travail d’autre part ?
Le second objectif vise ensuite à étudier comment la vulnérabilité professionnelle qui peut résulter de la maladie chronique se répercute éventuellement à son tour sur les autres sphères de l’existence (en particulier sur les conditions de vie et de logement, la sociabilité familiale et extrafamiliale, la vie de couple...), y compris sur l’état de santé de ces personnes au sens large.

Période du projet :
-
Commanditaires :

Agence Nationale de la Recherche (ANR) , UMR912 SESSTIM (INSERM-IRD-Aix Marseille Université).

Problématique:

Si l’on accepte de définir la vulnérabilité comme le cumul de la précarité d’une position et des difficultés à la rétablir lorsque celle-ci est perdue, il apparaît que, dans le domaine des sciences humaines et sociales appliquées à la santé, ces deux composantes de la vulnérabilité ont le plus souvent été dissociées, les travaux recensés privilégiant soit l’un, soit l’autre. En outre, ces travaux étudient comment des vulnérabilités dans diverses sphères de l’existence (travail, famille, sociabilité, conditions de vie…) concourent à dégrader l’état de santé, mais inversement l’impact d’un problème de santé sur ces vulnérabilités est très rarement envisagé. Enfin, nous pensons que la sphère professionnelle constitue une bonne porte d’entrée pour considérer cette relation inverse, sachant que les recherches réalisées jusqu’ici dans ce domaine relèvent d’une approche économiste qui privilégie des aspects factuels (statut d’activité, type de contrat de travail…) de l’insertion professionnelle, sans lien avec les autres sphères de l’existence, et uniquement à partir de données quantitatives transversales.

Méthode :

Il s’agit d’étudier les interactions entre différentes formes de vulnérabilité (en accordant une place centrale à la vulnérabilité professionnelle) pour deux pathologies chroniques (cancer et infection à VIH), à partir de données qualitatives (entretiens approfondis) et quantitatives (grandes enquêtes transversales nationales et cohortes).
Le recueil des données est achevé et les analyses sont en cours pour le volet qualitatif ; le recueil est achevé pour les cohortes comme pour l’une des grandes enquêtes transversales (VESPA II), et pour l’autre enquête transversale le recueil commence en mars 2012.

Perspectives :

Pour l’instant, les principaux résultats disponibles concernent le volet qualitatif du projet, en l’occurrence les 21 entretiens approfondis réalisés avec des femmes de la cohorte ELIPPSE, âgées de moins de 40 ans au diagnostic, et interrogées de 16 mois à 3 ans après ce diagnostic. Parmi celles qui avaient initialement une situation professionnelle précaire (CDD…), leur situation professionnelle s’est souvent détériorée avant même l’arrêt de travail, avec des conséquences importantes sur les indemnités perçues durant cet arrêt. Cette détérioration est parfois aussi survenue pendant l’arrêt. Ensuite, si le désir de retravailler est unanime, les obstacles sont nombreux, par exemple lorsque les séquelles des traitements obligent à renoncer à son ancien métier. En outre, ces femmes ont souvent de nouvelles aspirations professionnelles après leur cancer, et tentent alors de réorienter leur carrière, ce qui constitue une difficulté supplémentaire sur le marché de l’emploi. Enfin, pour retrouver un emploi, il leur faut fréquemment dissimuler leur maladie et mobiliser leur réseau social (qui joue également un rôle important pour amortir les conséquences financières de l’arrêt).

Resultats:

Impact du cancer du sein sur la vie professionnelle. Enquête parmi les femmes de la cohorte ELIPPSE