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HEPATHER

Volet sciences sociales de la cohorte ANRS CO22 HEPATHER

Il s’agit d’étudier : 
1/ l’impact de la vulnérabilité psychosociale et d’autres facteurs sur le parcours de soins, et les trajectoires addictives et sociales avant et après la guérison de l'hépatite C
2/ l’impact de la vulnérabilité psychosociale, des comportements et du parcours de soins sur l’évolution de la fibrose hépatique, des troubles métaboliques, et sur la mortalité chez les patients avec hépatite B ou hépatite C chroniques 
3/ les facteurs associés à la qualité de vie des patients avec hépatite C chronique

Période du projet :
-
Membre(s) hors SESSTIM du projet :

Pr Fabrice Carrat, Institut Pierre Louis d'Epidémiologie et de Santé Publique (IPLESP, Pitié Salpêtrière, Paris), Dr Marc Bourlière, Hôpital St Joseph (Marseille), Dr Lucia Parlati (Hôpital Cochin), Pr Elisabeth Delaroque-Astagneau, Hôpital Raymond-Poincaré (Garches)

Commanditaires :

Financeur: ANRS-MIE

Partenaires :

UMR1252 SESSTIM (INSERM-IRD-Aix Marseille Université) ; IPLESP, Faculté de Médecine Saint Antoine, Paris ; Hôpital Cochin Saint-Vincent de Paul, Pôle d'Hépato-gastroentérologie, Paris

Problématique:

La cohorte ANRS CO22 HEPATHER comprend à ce jour près de 22 000 patients infectés par le virus de l’hépatite B et/ou de l’hépatite C (VHB/VHC). Lancée en août 2022, cette cohorte permet d’étudier l’évolution de la maladie hépatique en phase chronique. L’objectif général est de mesurer les bénéfices et les risques associés aux différentes modalités de prise en charge thérapeutique des hépatites B et C et d’en identifier les déterminants individuels, virologiques, environnementaux et sociaux. Dans ce cadre, notre équipe s'intéresse à l'analyse des trajectoires de santé des personnes avec hépatite B (avec ou sans co-infection delta) ou  hépatite C chronique et aux facteurs socio-comportementaux associés à la morbidité et à la mortalité dans ces populations. Pour l'hépatite C, nous nous intéressons en particulier aux trajectoires après la guérison, dans le contexte de l'arrivée des nouveaux traitements. 

Les essais cliniques n’incluent quasiment jamais de patients issus de populations vulnérables (usagers de drogues, migrants, personnes socialement précaires). Ce manque d’information rend difficile la compréhension des trajectoires de santé des personnes présentant une hépatite virale et l’élaboration de stratégies ciblées pour améliorer la prise en charge et réduire la transmission des hépatites dans ces populations. 

Méthode :

En complément de la collecte prospective de données cliniques et biologiques, la cohorte inclut un recueil de données socio-comportementales à l’inclusion et un recueil longitudinal de données de qualité de vie.

Perspectives :

La cohorte HEPATHER offre une opportunité unique d’étudier les comportements et trajectoires de santé des patients les plus vulnérables, et d’évaluer si ces patients présentent les mêmes trajectoires de santé que les patients sans vulnérabilités spécifiques. Ceci dans le souci de développer des modèles innovants de prise en charge pour les plus vulnérables afin d'éviter un diagnostic tardif, d'améliorer leur qualité de vie et de réduire le risque de mortalité.

Resultats:

Les études menées à partir des données de la cohorte montrent la nécessité d'identifier et de cibler les personnes diabétiques et celles ayant une consommation d'alcool à risque pour la santé, pour le dépistage et le traitement de l’hépatite C. En effet, nos travaux dans HEPATHER ont montré que le diabète et la consommation (ou les antécédents de consommation) d’alcool à risque pour la santé étaient des facteurs de risque d’une présentation tardive dans les soins de l’hépatite C, définie par la présence d'une fibrose hépatique avancée lors de la première consultation d'un médecin spécialiste en hépatologie. Ce sont également des facteurs de risque d’évolution vers une fibrose avancée au cours du temps, y compris après la guérison de l’hépatite C. Nos travaux montrent aussi que le dépistage de la consommation d'alcool à risque et du diabète, ainsi que la mise en place d’une prise en charge globale, sont essentiels pour éviter un diagnostic tardif et réduire le risque de mortalité chez les personnes avec hépatite B. De plus, les données d'HEPATHER montrent un taux d'échec virologique après traitement par antiviraux à action directe globalement très faible, mais plus élevé chez les migrants en provenance d'Asie Centrale. 

Par ailleurs, les données d’HEPATHER ont permis de documenter, dans le contexte français, la prévalence de la co-infection VHB-delta, qui conduit à des formes plus sévères de l’hépatite B, et de souligner les spécificités de la population concernée, qui combine plusieurs facteurs de vulnérabilité sociale (personnes migrantes en provenance de zones endémiques, personnes vivant sous le seuil de pauvreté). Alors que de nouveaux traitements contre l’hépatite B et la co-infection avec le virus delta (VHD) sont en cours de développement, nos résultats s’inscrivent dans un plaidoyer en faveur du dépistage et de la prise en charge des personnes migrantes atteintes d’hépatites B-delta.

Nous nous sommes également intéressés à l'usage du cannabis et à la consommation de café chez les personnes avec hépatite B ou C chronique, et à leur association avec les paramètres cliniques. 

La suite de l’exploitation des données du volet socio-comportemental de la cohorte ANRS CO22 HEPATHER portera notamment sur les facteurs associés à la morbidité (ex :  développement d’un cancer du foie) et à la mortalité de cause hépatique et non hépatique chez les personnes avec une hépatite B ou C. Des thématiques plus méthodologiques, comme l’évaluation de la différence minimale cliniquement pertinente pour l’échelle de qualité de vie PROQOL-HCV, seront aussi développées.