GRIPPE
Evaluation médico-économique des stratégies antivirales lors d’une pandémie de grippe : aide à la décision publique en France dans un contexte global
Répondre au problème majeur de santé publique posé par la préparation de la réponse à une pandémie de grippe au moyen d’une analyse de décision rationnelle mesurant l’efficacité et le coût des stratégies antivirales possibles en France dans un contexte global. Cette évaluation comparera dans une perspective sociétale l’ensemble des coûts et le gain en QALYs (Quality-Adjusted Life Years ou années de vie ajustées sur la qualité) des stratégies pharmacologiques (traitement par INA avec ou sans test diagnostic rapide, prophylaxie secondaire par INA, vaccination avec différents ordres de priorité vaccinale, à différents moments de la pandémie et selon différentes schémas vaccinaux comportant deux injections versus une injection unique avec adjuvant) et des différentes mesures d’hygiène (lavage des mains, port du masque anti-projections) et d’isolement social réduisant la probabilité de contacts avec les cas infectés (fermeture des école, réduction des relations professionnelles, réduction des relations sociales entre adultes, réduction des relations sociales entre enfants). Chaque stratégie sera étudiée séparément ou en combinaison.
Institut de Microbiologie et Maladies Infectieuses (IMMI) , Institut National de Prévention et d’Education pour la Santé (INPES).
Devant le risque pandémique causé par la grippe aviaire H5N1 en 2004, chaque pays s’est engagé dans la préparation d’un plan national de prévention et de lutte contre une pandémie grippale suivant la résolution 58.5 de l’Assemblée Mondiale de la Santé. Les stratégies antivirales visent avant tout la réduction de la transmission interhumaine de la souche pandémique au niveau national. Le début d’une pandémie conduit à la recommandation de mesures d’hygiène (e.g., lavage des mains) et à la mise en place de mesures d’isolement social réduisant la probabilité de contacts avec les cas infectés (e.g., fermeture des écoles avec des enfants infectés). Le traitement par inhibiteurs des neuraminidases (INA) des cas infectés permet aussi la réduction de la transmission du virus à leurs proches. Le traitement par INA peut éventuellement être élargi aux proches en prophylaxie secondaire. Ces premières interventions retardent la diffusion de la pandémie en attendant la production d’un vaccin pandémique administré en masse dans la population non-infectée. Cependant cette préparation s’effectue dans un contexte de très forte incertitude. La survenue d’une pandémie comme sa sévérité sont imprévisibles. L’évaluation de l’efficacité et du rapport coût-utilité des stratégies antivirales repose sur des modèles mathématiques simulant une pandémie pour lesquels plusieurs paramètres clés n’ont pas de support empirique.
Outre la collecte de données « classiques » sur les coûts et les résultats des différentes stratégies, plusieurs enquêtes spécifiques seront conduites en France :
• une enquête administrée par Internet dans un panel représentatif de la population française (3 vagues prévues) ainsi qu’en accès libre à partir du site de l’INPES ou en sollicitant les internautes cherchant sur la grippe ou le vaccin sur Google permettra d’évaluer et de suivre les attitudes et comportements de la population vis-à-vis de la vaccination pandémique A/H1N1 pendant l’automne et l’hiver 2009-2010 ;
• une enquête administrée par CATI dans un échantillon représentatif des médecins généralistes libéraux permettra d’étudier l’organisation du système de soins en réponse à la pandémie A/H1N1 (panel-5 régions été 2009 ; panel national printemps 2010) ;
• une enquête qualitative permettra de mesurer les répercussions psycho-sociales de la grippe A/H1N1 à distance de l’hospitalisation chez les patients suivis dans la cohorte FluCo.
L’analyse coût-utilité des stratégies de lutte contre la pandémie sera réalisée en utilisant toutes les informations disponibles après la première vague en collaboration avec le Pr Fabrice Carrat (Inserm U707) et les Pr Alan Garber et Pr Douglas Owens (Center for Health Policy de l’université de Stanford).
Low acceptability of A/H1N1 pandemic vaccination in French adult population: when public health policy fuels public dissonance