Aller au contenu principal

Accès aux soins pour les personnes ayant des troubles liés à la consommation d’alcool: Pratiques, perceptions et vécus dans un contexte d’évolution thérapeutique

Nom du titulaire  : 
Marie COSTA
Date de la soutenance  : 
Nom du directeur de thèse  : 
Patrizia CARRIERI
Email du directeur de thèse  : 
Nom du co-directeur  : 
Marc TANTI
Email du co-directeur de thèse  : 

Contexte : Les troubles liés à l’usage d’alcool (TUAL) représentent un problème majeur pour la santé et la société, mais, en France, seulement 10% des personnes ayant des TUAL bénéficient d’une prise en médicale pour ces troubles.

Les médecins généralistes (MG) occupent une place privilégiée au sein de la « cascade » de soins des TUAL, que ce soit pour leur dépistage, leur prise en charge, ou pour l’orientation des patients vers des spécialistes.

L’éventail d’approches, pharmacologiques ou non, ciblant autrefois principalement l’abstinence comme objectif thérapeutique, s’est depuis peu élargi pour intégrer des approches visant la réduction de la consommation et/ou la consommation contrôlée, avec notamment l’apparition de pharmacothérapies telles que le nalméfène et le baclofène (qui a obtenu son AMM pour l’alcoolodépendance en 2018).

Dans ce contexte, il est important de pouvoir identifier les barrières individuelles et structurelles à l’accès aux soins pour les personnes atteintes de TUAL et d’identifier les conséquences d’une prise en charge insuffisante, en particulier chez les plus vulnérables, notamment les personnes ayant des comorbidités lourdes, et ainsi éclairer les enjeux d’une meilleure prise en charge globale. 

 

Objectifs : Les objectifs généraux de cette thèse sont (1) d’améliorer les connaissances sur les barrières et les leviers de l'accès aux soins pour les TUAL en France en étudiant les pratiques, expériences et perceptions des personnes avec des TUAL et des MG et (2), d’explorer les  enjeux d’une meilleure prise en charge des TUAL au sein de populations avec des comorbidités lourdes.

 

Sources des données : Ce travail s’appuie sur les données de l’étude ASIA, conduite auprès de personnes avec des TUAL et de MG à l’aide d’une méthode mixte (qualitative et quantitative) pour les deux populations, ainsi que sur les données de la cohorte ANRS CO13 HEPAVIH, cohorte nationale prospective, multicentrique d’individus co-infectés par le Virus de l’Immunodéficience Humaine (VIH) et le Virus de l’Hépatite C (VHC).

 

Résultats : Chez les personnes ayant des TUAL, nous avons identifié deux types de barrières - socio-environnementales, telles que la fréquentation d’autres buveurs ou la situation professionnelle, et structurelles – liées au système de soins. A ce niveau, la complexité du parcours décourage fortement l’engagement dans les soins.

Nous avons aussi identifié deux leviers : l'influence familiale, qui exerce une pression positive vers la prise en charge dans l’objectif d’améliorer l’ambiance familiale et la codépendance au tabac, dont le sevrage facilite l’accès aux soins pour les TUAL.

En revanche, savoir qu’il n’est pas nécessaire d’être abstinent pour la prise en charge des TUAL ne semble pas favoriser l’orientation vers les soins.

Chez les MG, les pratiques de dépistage systématique et de prise en charge des TUAL sont associées à une attitude favorable aux stratégies de réduction de la consommation. Les MG qui prennent en charge les TUAL sont également plus susceptibles de prendre en charge le sevrage tabagique et de prescrire des traitements de substitution aux opiacés.

Enfin, chez les personnes co-infectées par le VIH et le VHC, les TUAL restent indépendamment associés aux troubles du sommeil tandis que la guérison de l’hépatite C n’a pas d’influence sur ces derniers, ce qui suggère l’importance du dépistage de ces troubles et l’intérêt d’une prise en charge globale visant aussi à une amélioration de la qualité de vie dont la qualité du sommeil est une composante majeure.

 

Conclusion : L’ensemble de ces résultats permet de soulever des pistes pour améliorer la prise en charge des TUAL, par exemple par la formation des MG à de meilleures pratiques concernant les TUAL, la généralisation de la prise en charge des troubles liés à l’usage de substances psychoactives et la simplification du parcours de soins. Une augmentation du dépistage des TUAL en MG et une prise en charge globale qui incorpore aussi la réduction des dommages et l’amélioration de la qualité de vie devraient être inscrits dans les recommandations, plus encore chez les personnes affectées par d’autres comorbidités.