SEN-IRM
Usages et pratiques de l’imagerie médicale en Afrique. Une étude de cas sur les modalités d’appropriation de la technologie IRM au Sénégal
Les objectifs appliqués du projet sont : de contribuer localement à la mise en valeur optimale de ces équipements par l’identification des problèmes susceptibles d’entraver leur fonctionnement ; et de faire profiter les autres pays de la sous-région des leçons tirées de l’expérience sénégalaise.
Deux objectifs fondamentaux sont également visés : comprendre comment les images qui sont produites par cette nouvelle technologie font sens pour les différents acteurs concernés (techniciens, imageurs, prescripteurs, patients) ; et analyser comment l’appropriation de cette technologie va modifier les pratiques de ces derniers et les rapports qu’ils entretiennent entre eux.
Hôpital Principal de Dakar (HPD) dans le cadre d’une convention de recherche HPD/IRD.
Hôpital Principal de Dakar (HPD) , Centre Hospitalier National Universitaire de Fann (CHNU).
En janvier 2007, deux équipements d’Imagerie par Résonance Magnétique (IRM) haut champ ont été installés dans des hôpitaux publics dakarois. Cet événement témoigne d’une diffusion en Afrique des technologies d’imagerie médicale les plus pointues en réponse à une demande émanant aussi bien des professionnels de santé que des populations. Ces différents acteurs ont en commun une croyance selon laquelle un surcroît de technique entraînerait automatiquement une amélioration de la qualité des soins et une diminution de leurs coûts. Le questionnement de ce postulat est au coeur du projet que nous menons actuellement au Sénégal sur les modalités d’appropriation de la technologie IRM.
L’IRM constitue, pour plusieurs raisons, un objet d’étude privilégié pour étudier la technologisation des systèmes de santé dans les pays du Sud :
• Parce que, dans ce cas précis, nous avons l’occasion unique d’observer, directement et en longitudinal, l’ensemble du processus d’appropriation d’une innovation technologique, depuis l’appel d’offres jusqu’aux usages qui en sont faits par les différents acteurs ;
• Parce que l’appropriation d’une technologie aussi sophistiquée que l’IRM haut champ constitue un défi, aussi bien du point de vue technique que médical, pour les acteurs concernés (ingénieurs, techniciens, manipulateurs, radiologues, cliniciens) avec ce que cela implique en termes d’acquisition de compétences, de rigueur dans l’application des normes et procédures, et de modifications des relations entre les diverses catégories de soignants ;
• Parce qu’il s’agit d’une technologie extrêmement coûteuse, non seulement à l’achat mais aussi dans la durée, avec pour conséquence un prix relativement élevé des examens et une accessibilité réduite dans le contexte d’une société où seule une minorité bénéficie d’une protection sociale ;
• Parce que cela nous permet de questionner les logiques (notamment politiques) qui sous-tendent le fonctionnement des systèmes de santé du Sud dans le cadre d’une répartition des tâches entre les Etats locaux qui investissent des sommes considérables dans le secteur curatif et les bailleurs de fonds internationaux qui se focalisent sur les problèmes de santé publique.
La dimension temporelle étant une variable essentielle du phénomène que nous étudions, nous avons opté pour un recueil d’informations en longitudinal, sur une période de cinq ans, au moyen d’enquêtes à passages répétés. Dans une perspective comparative, elles sont effectuées, en parallèle, sur les deux sites sur lesquels nous travaillons.
En pratique, nous étudions l’appropriation de cette technologie selon trois axes - technique, médical et social - en mettant en oeuvre des techniques d’enquête qualitatives directement issues de la méthode ethnographique. En complément, il est procédé au recueil de documents écrits (articles de presse, documents techniques, rapports d’activité, données statistiques) ainsi qu’à la collecte d’images résultant d’examens IRM.
L'IRM de l'Hôpital principal de Dakar - Bilan de la première année de fonctionnement