PRELASS
Perceptions du risque électromagnétique : analyses statistiques secondaires
Aujourd’hui, il n’est plus possible de gérer un risque, quel qu’il soit, sans prendre en compte les perceptions du public à son égard. Les risques électromagnétiques n’échappent pas à ce constat, en particulier ceux relatifs d’une part aux antennes relais de la téléphonie mobile (ARTM), et d’autre part aux lignes à très haute tension (LTHT). Ces deux types de dispositifs, qui prennent aujourd’hui une place croissante dans nos paysages, présentent des similarités du point de vue profane, puisqu’il s’agit d’objets qui diffusent en continu des ondes susceptibles d’interférer avec l’électricité naturelle du corps humain, de « détraquer » les nerfs ou le cerveau.
Il s’agit ici de mieux connaître, de mieux comprendre les attitudes du public à l’égard des ARTM et des LTHT, afin de les prendre en compte plus efficacement dans la gestion des risques correspondants, en période de communication routinière comme lors d’une éventuelle situation de crise.
Fondation Santé Radiofréquences.
Ce projet s’ancre dans les acquis de la sociologie du risque, qui s’est développée depuis deux décennies, en particulier autour des travaux de Ulrich Beck, Anthony Giddens et Mary Douglas, avec par la suite de nombreux travaux qui sont parvenus à des résultats contrastés s’agissant des profils sociodémographiques et axiologiques associés à la perception des risques technologiques contemporains. Les risques relatifs aux antennes relais de téléphonie mobile (ARTM) et aux lignes à très haute tension (LTHT) constituent de parfaits exemples de risques technologiques contemporains : il s’agit de risques « manufacturés », associés à des activités économiques aux bénéfices immédiats dont ils seraient des externalités négatives ; ce sont aussi des risques invisibles, qui échappent à nos sens, et dont les possible conséquences sur la santé sont généralement envisagées comme lointaines. A notre connaissance, la perception de ces deux risques a fait l’objet d’un nombre restreint de recherches, souvent sur des échantillons de très petite taille et non représentatifs. Il nous semble donc que les objectifs de notre projet contribueraient à combler un vide relatif dans la littérature scientifique sur ce sujet, en France comme à l’étranger.
Les premiers résultats dont nous disposons indiquent qu’en France les ARTM sont un risque perçu de second rang (en 2007, 14% des Français estiment que les ARTM représentent un risque « très élevé » pour la santé des Français en général, et 38% estiment qu’il s’agit d’un risque « plutôt élevé »), mais sur ce thème il faut signaler que le niveau de confiance à l’égard des actions mises en œuvre et des informations diffusées par les autorités est également très bas. S’agissant des LTHT, selon les données du dernier Baromètre Environnement du GRETS (2006 et 2007, Groupe de Recherches Technologie Economie et Société, GRETS, EDF), 35% des Français estiment que la présence de LTHT peut avoir des conséquences sur l’état de santé des gens qui habitent à proximité (contre 28% dix ans plus tôt). Ces résultats méritent d’être approfondis de façon systématique, en particulier du point de vue des facteurs sociodémographiques, des croyances et des valeurs associés.
Nous nous proposons de mobiliser plusieurs enquêtes quantitatives réalisées ces dernières années auprès d’échantillons représentatifs de la population française, afin de déterminer quels sont les facteurs associés à ces perceptions. Quel est le profil sociodémographique (sexe, âge, niveau de diplôme…, avec dans le cas des LTHT la possibilité de réaliser des comparaisons européennes) des personnes qui s’inquiètent des risques pour la santé des ARTM et des LTHT ? Quel est leur profil axiologique (système de valeurs…) ? Ces profils sont-ils similaires ? Dans quelle mesure ces perceptions sont-elles liées aux attitudes à l’égard des savants et des politiques ? Enfin, ces perceptions se cumulent-elles avec d’autres risques perçus (en particulier dans le domaine environnemental, et s’agissant de l’étiologie des cancers) ? Un tel cumul est-il spécifique à certains segments de la population ?