OptCPS5
Optimisation de la Chimioprévention du Paludisme Saisonnier (CPS) avec un 5ème passage (CPS5) au Mali
L'objectif de ce projet est donc de mettre en œuvre un 5ème passage de CPS dans 4 districts éligibles et de l'évaluer. Actuellement le 5ème passage est financé dans 2 DS. Le présent projet consiste à déployer la CPS5 dans 4 districts additionnels des DS éligibles.
Issaka Sagara
Mady Cissoko
Coopération Internationale, Principauté de Monaco
Le paludisme représente 34% des motifs de consultations au Mali. Les interventions adoptées sont la prise en charge (diagnostic et traitement précoce) et la prévention (lutte antivectorielle et chimio-prévention). Depuis 2016, la chimio-prévention du paludisme saisonnier (CPS) permet de protéger les enfants de moins de 5 ans par l'administration d'un traitement curatif et prophylactique mensuel avec 4 passages au cours de la saison de haute transmission. Bien faite, elle permet une réduction de 80% des cas de paludisme sévère, pour un coût de 2.8 euros par enfant et par an.
Pour optimiser l'allocation des ressources, le Mali effectue une démarche de stratification, qui permet d'assigner à chaque district sanitaire un paquet d'interventions adapté. La stratification effectuée par le Programme National de Lutte contre le Paludisme (PNLP) en 2020 prévoit d'adapter le nombre de passage CPS à la durée de la saison de haute transmission. Quinze districts, au Sud Mali et dans le delta du Niger, présentent une incidence forte (450 cas/1000) et une transmission qui dure de juillet à novembre. Ces conditions justifient l'ajout d'un 5ème passage de CPS (CPS5) en novembre pour maintenir la protection jusqu'à la fin de la saison de transmission, et éviter ainsi 88 343 cas et 2 000 hospitalisations (soit 22% du nombre annuel) chez des enfants <5 ans. Cet allongement répond à l'augmentation du nombre de cas de paludisme enregistré au Mali (de 2.6 à 3.7 millions entre 2018 et 2022) et dans d'autres pays sahéliens. L’OMS recommande aux pays d’adapter la CPS à la durée de la CPS en fonction de la durée de la transmission de la zone.
L’allongement ciblé est un besoin de santé publique mais les fonds nécessaires à sa mise en œuvre ne sont pas disponibles pour tous les districts. En effet, les financements de l'Etat malien et de ses partenaires (Fonds Mondial, PMI…) permettent 4 passages dans 57 districts sanitaires (DS). D'autre part, il est nécessaire d'évaluer son déploiement, afin de mesurer son impact et de vérifier si l'allocation proposée dans le cadre de la stratification est pertinente.
Ce projet produira les preuves de la faisabilité et de la rentabilité incrémentielle d’un 5ème passage de la CPS, lorsque la CPS est mise en œuvre dans le cadre de programmes nationaux. Nous travaillerons avec les responsables de la mise en œuvre pour effectuer une évaluation des processus, évaluer la qualité et la fidélité de la mise en œuvre et comprendre comment l’approche de mise en œuvre et les facteurs contextuels influencent l’adoption et l’efficacité de l’intervention. Nous estimerons le rapport coût-efficacité différentiel de l’extension de la CPS au 5ème passage. L’impact sera évalué en comparant l’incidence du paludisme dans les centres de santé avant et après la mise en œuvre ainsi qu’en comparant pour la première année, de zones à 4 passages servant de zones de contrôle vs de zones à 5 passages. Elle sera suivie d’une enquête qualitative visant à comprendre les facteurs influençant la couverture, au moyen d’entrevues avec le personnel de santé, les agents de santé communautaires et les parents d’enfants. Les résultats seront utilisés pour mettre à jour les cartes des pays du Sahel qui montrent le rapport coût-efficacité différentiel de l’allongement de la période de la CPS, afin de guider les décideurs politiques afin que l’impact de la CPS puisse être optimisé.
Les résultats du projet pourront aider à l’adaptation de la CPS à 5 passages dans les districts sanitaires avec une longue saisonnalité. D’autres pays ayant des caractéristiques similaires avec cette région du Mali comme le Niger, la Cote d’Ivoire et le Burkina Faso pourront utiliser ces résultats. La fin du projet coïncide avec la période d’évaluation à mi-parcours du plan stratégique national. Cela donne une opportunité de mobiliser des ressources suffisantes pour le 5ème Passage de la CPS dans l’ensemble des 15 DS. La mise en œuvre du projet sera faite avec la collaboration du PNLP du Mali et l’équipe malienne de recherche du BioMed-RTC et les partenaires français du SESSTIM. Ce projet permettra encore le renforcement des capacités du PNLP en ressources humaines dans la recherche opérationnelle mais aussi dans l’analyse et l’interprétation des données. Un tel type de projet renforcera l’importance de collecte et d’utilisation des données par le PNLP. Le renforcement en ressources humaines des districts sanitaires concerné dans le projet sera fait, notamment dans la collecte, l’analyse et l’interprétation des données de routine.
Les autres partenaires techniques et financiers du PNLP seront impliquées comme PMI qui assurera l’achat et l’approvisionnement en médicaments utilisés pour la CPS (SP-AQ) à travers le financement du projet de l’USAID. Les ressources humaines de l’état seront impliquées à tous les niveaux de la mise en œuvre (Direction générale de la santé, Régionale et médecin chef du district sanitaire).
Si l’efficacité du 5ème passage de la CPS est démontrée, le plaidoyer sera fait auprès des autorités du Mali et des bailleurs internationaux pour ajouter cette intervention aux coûts opérationnels de la CPS dans l’ensemble des 15 districts sanitaires concernés.
Si l’utilité de la stratification est démontrée, elle sera mise en oeuvre au niveau du PNLP de façon systématique, en utilisant les critères de stratification définis précédemment et/ou révisés grâce au projet lors des exercices de stratification tous les 3 ans.