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ACTAS

Analyse compréhensive du tabagisme : analyses secondaires

Pour mieux comprendre les difficultés de la lutte antitabac, nous proposons une démarche de recherche qui mobilise la sociologie des normes et de la déviance. Cela implique de s’interroger sur l’adhésion que les valeurs promues par la prévention suscitent au sein de la population. En effet, la valorisation de la santé, la capacité à se projeter dans le long terme, comme la confiance à l’égard des messages préventifs, ne sont pas uniformément réparties au sein de la population : il importe de documenter cette différenciation. En outre, il importe de comprendre comment les fumeurs digèrent les messages préventifs pour justifier malgré tout leur pratique, en relativisant les risques encourus (en référence à la notion de carrière morale).
Cette recherche devrait contribuer à une meilleure compréhension de la pratique tabagique, des croyances des fumeurs, et de leurs attitudes à l’égard de la lutte antitabac, ainsi que de la façon dont ces trois aspects se combinent, tout en proposant un éclairage original sur les inégalités sociales de santé. Cette compréhension pourra éclairer les difficultés que rencontre la lutte antitabac, nourrir la réflexion des experts et des opérateurs de cette lutte, et déboucher sur des recommandations concrètes. Enfin, en croisant les approches sociologique et économique, nous espérons participer à la pluridisciplinarité dans les domaines des sciences humaines et sociales appliquées dans le domaine de la santé.

Project period
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Sponsors:

Institut de Recherche en Santé Publique (IReSP) dans le cadre de l'appel à projet 2011 Santé mentale, prévention, prospective, thématiques générales de l’IReSP

Partners:

Olivier L’Haridon, Université de Rennes et GREG-HEC.

Research question:

En France comme dans beaucoup d’autres pays, la lutte antitabac constitue aujourd’hui un enjeu majeur des politiques de santé publique. Pour faire reculer le tabagisme, les pouvoirs publics ont intensifié leurs efforts au cours des années 2000, avec un succès relatif, dans la mesure où la différenciation sociale du tabagisme s’est accrue : la prévalence tabagique a surtout baissé chez les cadres, restant stable parmi les ouvriers et augmentant même parmi les chômeurs. Ce constat est d’autant plus préoccupant que la réduction des inégalités sociales de santé constitue elle-aussi une priorité de santé publique.

Method:

Nous exploiterons quatre enquêtes quantitatives nationales : ESCAPAD 2008 (enquête auto-administrée, N=39 542, jeunes de 17 ans, question ouverte sur les opinions à l’égard de la lutte antitabac), INPES 2008 (enquête téléphonique, N=2 000, 18-75 ans, questions sur les attitudes à l’égard de la prévention en général et de la lutte antitabac, sur les préférences temporelles, sur les besoins satisfaits par la cigarette), Baromètre cancer 2010 (N=2 949, 15-85 ans, questions sur le déni du risque tabagique) et Baromètre santé 2010 (sous-échantillon interrogé sur la stigmatisation des fumeurs, N=3°091). Dans ces trois enquêtes, les thématiques citées peuvent être croisées avec un large éventail d’indicateurs relatifs à la pratique tabagique des enquêtés ainsi qu’à leur situation sociale au sens large. Selon les données et les objectifs poursuivis, un large spectre de méthodes statistiques seront utilisées (statistiques exploratoires multivariées, modèles logistiques, systèmes d’équations simultanée…).

Research prospects:

Les analyses réalisées pour les trois enquêtes de l’INPES ont permis la publication de deux articles (un dans European Journal of Public Health, un dans International Journal of Drug Policy), qui montrent que les préférences temporelles influencent la pratique tabagique, mais aussi les réactions face à la hausse des prix et la réception des messages préventifs. Un troisième article a été soumis à Addictive Behaviours (à partir de l'exploitation des données INPES).
Les analyses réalisées en 2013 sur les données ESCAPAD seront valorisées au cours de l'année 2014.

Results:

Time preferences, socioeconomic status and smokers’ behaviour, attitudes and risk awareness
La prévention primaire contribue-t-elle a accroître les inégalités sociales de santé ?