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Élimination des hépatites virales B et C dans les populations d'Afrique subsaharienne: barrières, opportunités et enjeux

Nom du titulaire  : 
Tchadine BINON DJAOGOL
Type de doctorat  : 
Pathologie Humaine - Recherche clinique et Santé Publique
Date de la soutenance  : 
Nom du directeur de thèse  : 
Patrizia CARRIERI
Email du directeur de thèse  : 
Nom du co-directeur  : 
Sylvie BOYER
Email du co-directeur de thèse  : 

Contexte :

Toutes deux hépatotropes, les infections par le virus de l'hépatite B (VHB) et le virus de l'hépatite C (VHC) constituent un problème de santé publique majeur dans le monde. En 2016, l’organisation mondiale de la santé (OMS) a adopté une stratégie pour les éliminer d’ici 2030. L'Afrique subsaharienne, porte une part importante du fardeau mondial liée à ces deux infections. Les enjeux majeurs pour l’élimination de l’hépatite B et C dans cette zone concernent d’une part la mise en œuvre efficace des interventions de prévention de la transmission mère-enfant (PTME) du VHB dont les conséquences sanitaires sont importantes et d’autre part, le dépistage des groupes cibles et l’accès universel au traitement des individus infectés chroniquement par le VHC. Dans ce contexte, il est important de produire des données épidémiologiques de qualité pour mesurer la situation de départ et suivre les progrès ainsi que pour mieux comprendre les barrières/obstacles éventuels à la mise en œuvre effective des interventions clés pour l’atteinte des objectifs d’élimination.

Objectifs :

L’objectif général de cette thèse vise donc à documenter l’épidémiologie et décrire les opportunités, enjeux et barrières associés à la prévention et la prise en charge thérapeutique des hépatites virales B et C dans la population d’Afrique subsaharienne. Je me suis intéressée à deux questions :

1)    la question de la PTME chez les femmes en étudiant le cas du Sénégal avec deux études correspondant à deux articles réalisés dans ce cadre.

2)    la question de l’efficacité des traitements contre l’hépatite C chez les migrants originaires d’Afrique subsaharienne, sujets au diagnostic et à l’entrée tardifs dans les soins dans le contexte de la France.

Sources de données :

Je me suis appuyée sur trois sources de données :

L’étude « soignants », conduite auprès de professionnels de la santé au Sénégal à l’aide d’une méthode mixte
L’étude AMBASS (ANRS 12356), une vaste enquête transversale menée sur la population générale de la zone rurale de Niakhar
La cohorte prospective ANRS CO22 HEPATHER incluant les patients atteints d’une hépatite C chronique en France avec des données disponibles sur l'échec du traitement.

Résultats :

Chez les soignants, un manque de connaissances a été observé dans les domaines clés de l'infection par le VHB. Malgré une bonne acceptabilité du dépistage systématique des femmes enceintes et de la vaccination à la naissance, très peu (48% et 71% respectivement) ont systématiquement effectué ces deux interventions clés. Plusieurs obstacles structurels susceptibles d'entraver la mise en œuvre de ces activités ont également été identifiés tels que le manque de formation sur l’hépatite B et le counseling, la faible disponibilité des tests de diagnostic rapide, les coûts élevés du dépistage et du traitement, un manque d'informations adéquates sur les options de traitement et des occasions manquées de vaccination à la naissance.

Chez les femmes adultes (âgées de plus de 15 ans) et les femmes en âge de procréer (âgées de 15 à 49 ans), une prévalence élevée de l’infection chronique par le VHB de 9,2% [IC à 95%: 7,0; 11,4] et 10,4% [7,7; 13,0] respectivement a été observée. Un risque élevé (12%) de transmission mère-enfant du VHB a été également observé parmi les femmes en âge de procréer et nécessiterait un traitement prophylactique antiviral en cas de grossesse. En outre, les connaissances sur l'infection par le VHB étaient très faibles dans cette population et la grande majorité des femmes ignorait son statut sérologique VHB malgré une forte fréquentation des soins prénatals.

Les résultats de l’étude sur l’hépatite C ont montré que les taux d'échec du traitement ne différaient pas significativement entre la population des migrants originaires d’Afrique subsaharienne, infectés par le VHC et les non-migrants recevant un traitement antiviral contre l’hépatite C en France.

Conclusion : Les développements majeurs dans la prise en charge de l'hépatite B (vaccination) et l’hépatite C (traitement curatif) rendent envisageable leur l’élimination en Afrique subsaharienne d’ici 2030. Cependant, plusieurs obstacles/barrières devront être surmontés. Nos résultats suggèrent des pistes pour l’amélioration de la prise en charge des hépatites B et C en Afrique subsaharienne. La prévention de la transmission-mère enfant du VHB est une composante clé à rehausser en vue de l’élimination de l’hépatite B. Il apparait tout d’abord primordial de renforcer le financement des interventions afin de garantir les tests de dépistage systématique du VHB et des traitements antiviraux à faible coût chez les femmes enceintes. Ensuite, il est indispensable d’améliorer les interventions communautaires pour la vaccination rapide des nouveau-nés contre le VHB. La formation des professionnels de la santé s’avère également nécessaire afin d’améliorer leurs connaissances et leur pratique.  Pour le cas de l’hépatite C où il existe un traitement curatif, et une bonne acceptabilité du dépistage par les populations d’Afrique subsaharienne, il est crucial d’assurer un meilleur dépistage et accès au traitement pour ces populations, qu’elles soient migrantes ou résidant dans leur pays d’origine.

Mots clés : hépatites virales, hépatite B, hépatite C, PTME, antiviraux à action directe, Afrique subsaharienne, migrants