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Innovations épidémiologiques et vaccinales dans la lutte contre le paludisme : hétérogénéité spatio-temporelle du risque palustre à l’échelle locale et stratégies vaccinales

Nom du titulaire  : 
Mahamadou Soumana SISSOKO
Type de doctorat  : 
Doctorat en Recherche Clinique et Santé Publique
Date de la soutenance  : 
Nom du directeur de thèse  : 
Jean GAUDART
Email du directeur de thèse  : 
Nom du co-directeur  : 
Ogobara DOUMBO
Email du co-directeur de thèse  : 

Au Mali, en dépit des résultats encourageants obtenus dans la lutte contre le paludisme, l’application des mesures préconisées par l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé), comme l’utilisation des moustiquaires imprégnées d’insecticide et le diagnostic et le traitement rapides, nécessitent une mise en oeuvre à grande échelle de ces mesures avec des niveaux de couverture élevés afin de maximiser leur impact sur la transmission. Face à la stagnation voire à la réduction des ressources allouées à la lutte contre le paludisme, des études axées sur une connaissance approfondie de la micro-épidémiologie et le développement de vaccins antipaludiques s’imposent de plus en plus comme une alternative crédible pour une utilisation rationnelle des fonds. L’objectif de notre travail était, d’une part, d’étudier l’hétérogénéité du risque de transmission du paludisme, dans le but de focaliser les actions de lutte dans les zones les plus appropriées en termes de risque, et, d’autre part, d’évaluer l’efficacité protectrice du vaccin MSP3 (Mérozoites Surface Protéine 3) et la tolérance du vaccin PfSPZ (Sporozoite de Plasmodium falciparum) comme nouveaux outils de contrôle du paludisme en zone d’hyperendémie, au Mali. Les indices parasitologiques ont été déterminés à partir du dépistage passif et actif du paludisme couplant des enquêtes transversales à un suivi longitudinal. Les données ont été collectées à la fois en zone périurbaine et rurale. Les moustiques adultes ont été capturés toute l’année en utilisant des pièges lumineux. La consultation externe et l’exploitation des registres de laboratoire ont permis d’étudier la variabilité inter et intra annuelle du paludisme de 2008-2012. Les variables météorologiques et hydrologiques ont été mesurées quotidiennement. L’urbanisation a été estimée en utilisant les images satellitaires. Deux essais cliniques doubles aveugles, randomisés, contrôlés par placebo ont été réalisés à Bougoula Hameau et Donéguébougou chez les enfants âgés de 12 à 48 mois en bonne santé pour le vaccin MSP3 et à Donéguébougou chez les adultes de 18-35 ans en bonne santé pour le vaccin PfSPZ. Nos résultats montrent que l’hétérogénéité du risque de paludisme à l’intérieur du même village était perceptible pendant la saison sèche. L’analyse de séries chronologiques a montré un décalage de 3 mois entre le pic de la pluie et le pic des cas de paludisme. L’hétérogénéité était associée soit à la prévalence du portage asymptomatique du parasite, soit à la forte densité anophélienne ou aux deux facteurs simultanément. En dépit de la variabilité intra et interannuelle de l’incidence clinique du paludisme, celle-ci n’était pas associée à une variation de la transmission du paludisme à l’échelle du village quelle que soit le niveau de transmission. Aussi, des mesures de lutte ciblant les maisons ou les zones de forte transmission auront un impact très limité à l’échelle infra-villages, lorsque ceux-ci sont de faible dimension (<1km2) et que l’incidence clinique est forte (hyperendémie). En revanche, des mesures ciblant les périodes de forte transmission prenant en compte les décalages ont un intérêt par l’optimisation de l’impact de ces actions. La prise en compte des facteurs hydrométéorologiques de risque dans l’implémentation des stratégies de lutte contre le paludisme est nécessaire. L’essai clinique de phase 2 a montré un effet protecteur de MSP3 dans la zone de transmission saisonnière comparée à la zone de transmission continue. La protection était associée aux fortes réponses anti-MSP3 cytophiliques, un résultat clé pour sélectionner et améliorer les formulations pour les futurs essais de terrain. L’essai clinique de phase 1b a montré que le vaccin PfSPZ était bien toléré et protégeait significativement contre les infections naturelles dues à P. falciparum pendant toute la saison de transmission. Pour cause, la poursuite de la recherche sur ces candidats vaccins y compris sur les étapes suivantes de leur développement mérite dès lors une attention particulière.