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STIMAGO

Evaluation de l’efficacité d’un psychostimulant pour la prise en charge de la dépendance à la cocaïne en termes de réduction des pratiques à risque de transmission du Virus de l’Hépatite C : Phase pilote sur l’étude des bénéfices/risques du méthylphénidate

Cette étude est la phase pilote d’un prochain essai clinique. Elle vise à évaluer dans un premier temps les bénéfices et les risques d’un psychostimulant chez des personnes dépendantes à la cocaïne ou au crack, le méthylphenidate (MPH). L’objectif principal de cet étude pilote est d’évaluer la dose efficace en termes de bénéfice/risque du méthylphénidate (MPH) permettant une réduction de la consommation hebdomadaire de cocaïne. Pour cela, nous étudierons la différence de quantité de cocaïne consommée par semaine entre M0 et M3 ajustée à la dose de MPH prescrite et aux concentrations plasmatiques de MPH ainsi que les effets secondaires perçus par le patient.
Les objectifs secondaires de cette étude pilote seront d’étudier l’efficacité précoce du MPH à 1 mois ainsi que de réaliser une étude pharmacocinétique sur la relation entre les dosages plasmatiques du MPH, les doses prescrites, les effets subjectifs ressentis par le patient et l’efficacité. De plus, nous étudierons l’impact du MPH sur des critères de jugement secondaires tels que la réduction des pratiques à risque VHC, le craving, les comorbidités psychiatriques (dépression et troubles de l’attention), la qualité de vie et l’accès aux soins.

Période du projet :
-
Commanditaires :

Agence Nationale de Recherche sur le Sida et les Hépatites Virales (ANRS).

Partenaires :

Service Hospitalo-Universitaire d’Addictologie, Hôpital Sainte Marguerite, Marseille.

Problématique:

Aujourd'hui en France, la prévalence du virus de l’hépatite C (VHC) malgré l’accès aux traitements de substitution aux opiacés n’a pas connu de décroissance marquée chez les usagers de drogue (UD). Les données de la littérature montrent qu’il existe un lien étroit entre la transmission du VHC et la consommation de stimulants et tout particulièrement de la cocaïne et du crack. En effet, par leurs propriétés psychostimulantes et leur durée d’action courte dans l’organisme, ces substances conduisent à multiplier les pratiques à risque de transmission du VHC liées à une fréquence de consommation plus élevée qu’avec les opiacés. De plus, les stimulants sont caractérisés par leur capacité à provoquer un besoin irrépressible de consommer à nouveau (« craving »). La grande différence avec les opiacés est qu’il n’existe aucun traitement pharmacologique efficace, le seul traitement de référence étant la thérapie cognitivo-comportementale. Des études menées sur les psychostimulants et les dérivés amphétaminiques montrent que ces médicaments sembleraient avoir des effets positifs prometteurs sur les UD dépendants à la cocaïne.

Méthode :

Il s’agit d’une étude avant-après (de phase II) multicentrique non comparative avec un suivi hebdomadaire d’une durée de 3 mois. La taille de l’échantillon sera de 20 patients recrutés dans le Centre de Soins et d’Accompagnement pour les Addictions (CSAPA) de l’hôpital Sainte Marguerite à Marseille. Les données socio-comportementales seront recueillies à l’aide d’entretiens téléphoniques et d’auto-questionnaires. Des bandelettes urinaires et des prélèvements sanguins seront réalisés afin d’obtenir les données biologiques, pharmacocinétiques et pharmacodynamiques (PK/PD). L’étude PK/PD consistera à prélever des échantillons pendant une journée à 1 mois de l’inclusion (M1) et à la fin du suivi à 3 mois (M3). Les prélèvements auront lieu après la prise du médicament à 5 moments différents de la journée. Avec une durée d’inclusion de 6 mois et une durée de suivi de 3 mois pour chaque patient, l’étude aura une durée totale de 9 mois.

Perspectives :

Le protocole de recherche est en cours de finalisation pour être envoyé au CPP et à l’ANSM afin d’obtenir les autorisations pour démarrer l’étude. Une fois que l’étude sera terminée, nous commencerons la rédaction du protocole pour mettre en place un essai clinique randomisé multicentrique.
Nous nous attendons à ce que la prise en charge utilisant le méthylphenidate (MPH) permette de réduire la consommation de cocaïne chez des personnes dépendantes avec une bonne tolérance au médicament et une bonne observance thérapeutique. Les résultats des analyses pharmacocinétiques et pharmacodynamiques nous permettront d’établir la dose efficace et une surveillance adaptée lors de l’essai clinique.